The pursuit of happiness ~ Slavinka & Bishop

J'avais parfois encore dû mal à me lever le matin, sachant que ma vie n'était plus celle qu'elle avait été, et qu'elle ne le sera jamais plus. J'avais parfois encore dû mal à m'imaginer dans un monde comme celui-ci ; il m'arrivait de temps en temps de penser que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve, une mauvaise blague ou que l'on m'avait kidnappé et drogué pour participer à un jeu de télé-réalité de mauvais goût ; puis la réalité s'imposait à moi comme une gifle : mes parents et mes frères étaient morts, je n'avais plus de famille, je vivais - je survivais- je ne sais où en Europe, je n'étais plus rien et nous étions tous dans le même cas. Le luxe que nous connaissions autrefois n'existait plus et certains d'entre nous avait encore du mal à faire sans. Et même si on avait  l'impression de crouler, et même si l'on voulait tout abandonner, la terre continuait de tourner et on devait bien se bouger si l'on voulait vivre.

Il fallait se reconstruire une vie, des amis, une famille, un logement, tout était à refaire. On repartait de zéro ou presque. N'échappant pas à la règle, je devais aller travailler ce matin-là, et pas question de prendre un arrêt maladie ou un jour de repos, ça n'existait plus ça dans notre nouveau monde. C'était un peu marche ou crève - en moins extrême, parfois. Je me levais et me préparais, cela ne prit pas énormément de temps - la superficialité de notre ancien monde avait totalement disparu. Il était désormais inutile de passer son temps à se pomponner, le maquillage n'existait plus. Ce jour-là je devais me rendre à l'hôpital afin de leur montrer deux ou trois trucs que j'avais appris lorsque j'avais été soldat dans l'armée britannique. J'allais par la même occasion revoir Slavinka … Cette fille était une vraie obsession pour moi, je n'arrêtais pas de penser à elle, où de l'espionner pour en connaitre un maximum sur elle. Je ne pense pas qu'elle savait qui j'étais puis je ne pensais pas être son genre non plus. Mais même si elle était plus jeune que moi, je voulais tenter ma chance un jour.

L'hôpital n'était pas très loin de chez « moi », le lieu où je créchais. Ce bâtiment en ruine et en pleine rénovation n'était pas le plus propre et aseptisé des lieux, mais c'était le meilleur que la ville avait, il fallait s'en contenter. J'entrais dans l'hôpital et allait directement voir les médecins et infirmières que je formais. Je montais les escaliers et poussait la dernière porte qui me séparait d'eux, mais quelque chose ou du moins quelqu'un entra en collision avec la porte, je la rattrapais du mieux que je pus.

« Mon dieu, je suis désolé, excusez-moi je ne savais pas que vous vous trouviez derrière cette porte ! »

J'avais débité mes paroles tellement vite que je n'avais même pas prêté attention à la personne que j'avais bousculée. Il s'agissait d'elle, de Slavinka. Mon coeur fit un bon dans ma poitrine et je restais sans voix.

AVENGEDINCHAINS